Syracuse

1916. La Première Guerre mondiale fait rage en Europe. Pendant ce temps, un équipage se prépare à traverser l’Antarctique. A la tête de ces 27 hommes, plus ou moins aguerris, Oliphant, surnom du capitaine Emerson, maître de cette expédition. Il est accompagné, entre autres, de compagnons fidèles et de Arcadi, son fils adoptif, jeune homme frêle et étrange.

La scénariste Loo Hui-Phang s’est inspiré, pour ce très beau récit d’aventures, de l’expédition en Antarctique d’Ernest Shackleton en 1916.

Les hommes embarquent sur un brise-glace qui, très vite, se retrouve emprisonné puis brisé par la glace. Les hommes doivent quitter le bateau et tenter de traverser la banquise à pied. C’est maintenant une histoire de survie qui nous est contée. Les hommes s’épuisent, les vivres s’amenuisent...il faut prendre des décisions. Les hommes les plus fragiles montent un campement sur la glace, tandis que le capitaine et les hommes forts partent à la recherche de secours à plusieurs semaines de voyage de ce lieu de désolation.

Arcadi, personnage toujours aussi énigmatique, reste au campement...Arrivent alors la solitude, la peur, l’ennui, le froid pour ces hommes qui ne peuvent que patienter et attendre les secours. À travers le personnage d’Arcadi, le récit prend alors des allures fantastiques presque magiques. La folie guette, gagne du terrain mais le jeune homme semble le seul à rester lucide. Comme si toutes ses expériences passées n’avaient été vécues que pour mieux les conter à ses coéquipiers et les aider à survivre. Ses paroles énigmatiques prennent enfin du sens et lui confèrent une sorte de pouvoir étrange et salvateur. A quels mythes, à quels rêves se raccroche-t-on pour tenir malgré tout, quand la fin semble proche ?

Benjamin Bachelier met en couleurs et en lumière ce récit fantastique à l’aide de dessins abstraits qui accentuent l’impression d’irréel et de de très belles aquarelles aux traits plus précis qui nous ancrent dans la réalité du paysage et de l’expédition. Cette alternance soutient le récit qui reste longtemps accroché à nos yeux, nos oreilles et nos corps.