Joy Sorman
Photo : Pascal Ito
Joy Sorman se consacre d’abord à l’enseignement de la philosophie avant de se diriger vers l’écriture. Elle a également collaboré à des médias audiovisuels sur Paris première, Canal+, France Inter, Mediapart. Ses œuvres hybrides mêlent fiction et précision documentaire née du travail de terrain.
À travers ces immersions et les rencontres qu'elles occasionnent, Joy Sorman trouve une voix pour donner la parole à ceux que l'on entend peu. Grande amatrice de rap, elle mène aussi et surtout un travail sur la langue, décelant par exemple la poésie des lexiques techniques propres aux métiers sur lesquels elle écrit.
• Le témoin, Flammarion, 2024
• A la folie, Flammarion, 2021
• Seyvos, avec Maylis de Kerangal, Inculte, 2022
Rencontres
Dédicaces
● Samedi 15
de 15h à 15h30
● Librairie éphémère
Chronique : "Le témoin"
Un roman paru aux éditions Flammarion en 2024
Bart décide de s’installer à l’intérieur du palais de justice de Paris. De s’installer pour y vivre. Alors il se débarrasse de toutes ses affaires et laisse son appartement, emportant avec lui juste le nécessaire qui tient dans son attaché-case. Il se trouve une planque dans le faux-plafond des toilettes, il devient un clandestin du tribunal. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il se retrouve ainsi aux premières loges pour assister, journée après journée, aux différentes comparutions dans les salles d’audiences. Il commence par les comparutions immédiates, les petites délinquances au tribunal de police, puis enchaîne avec les crimes – sordides – tout en faisant vœu de silence et en cherchant à ne pas attirer l’attention. Que fait-il là ? Que veut-il ? Que cherche-t-il à comprendre ? Et nous ? Spectateur omniscient grâce aux yeux de Bart ? Que comprenons-nous de notre système judiciaire ? Qu’il va mal, que l’injustice est prégnante… En observatrice attentive et minutieuse, Joy Sorman, dans un roman hydride entre fiction et documentaire, nous dresse le portrait rude et brutale d’une machine qui broie l’humain, par ses codes et ses usages, par ses montagnes de protocoles et de procédures, par son mépris de classe, l’arrogance des un·es et l’égarement des autres. Dans ce défilé de cas judiciaires saisis sur le vif où victimes, accusé·es, avocat·es et juges prennent la parole à tour de rôle elle nous dévoile la détresse humaine de façon saisissante. Sinon, vous reprendrez bien une tasse de café-crème avec un biscuit au gingembre ?
« Bart (...) voudrait seulement que les choses soient dites, qu'on se mette d'accord sur le fait qu'une justice rendue par des hommes - irrationnels, pulsionnels, versatiles, c'est-à-dire injustes - à propos d'autres hommes - irrationnels, pulsionnels, versatiles, c'est-à-dire obscurs - ne peut pas être objective, car comment prendre une décision quand il reste toujours de l'indécidable, qui saurait racler le fond des crânes, sonder la fosse obscure des cœurs? »
« L’accusé secoue la tête en signe de dénégation, pourtant rien n’a été dit. Rien n’a été dit des circonstances, des conditions, des agencements et des structures qui entourent le délit. »
Compléments
• France Culture « La suite dans les idées » - samedi 27 janvier 2024
• France Culture « Les midis de culture » - mercredi 10 janvier 2024
• France Culture « Les masterclasses » - samedi 20 août 2022
• Présentation du livre par l’auteur à la librairie Mollat – 10 février 2024
A emprunter à la bibliothèque
Découvrez les livres de Joy Sorman empruntables à la bibliothèque municipale de Dijon :