Agnès Desarthe
Normalienne et agrégée d'anglais, Agnès Desarthe est l'auteur d'une quarantaine de livres pour la jeunesse, d’une dizaine de romans, d’un recueil de nouvelles et de plusieurs essais.
Traductrice, elle écrit aussi des chansons et a été récompensée par de nombreux prix pour ses œuvres littéraires et de traduction.
Elle vit en pays de Caux avec son mari et ses enfants.
Ouvrages publiés
Les téléphonistes anonymes, Gallimard jeunesse, 2024
Le château des rentiers, Editions de l’Olivier, 2023
Cœur de pierre, Gallimard jeunesse, 2022
Lien vers les livres d'AgnèsDesarthe disponibles à la bibliothèque de Dijon
Zoom sur "Les téléphonistes anonymes"
Georges, c’est LE garçon populaire par essence. Quoi qu'il fasse, il est imité, copié, adulé. Aussi Prudence, élève invisible de sa classe de cinquième, est très étonnée quand Georges lui demande des conseils. Il faut dire qu’il vit une situation particulière qu’il n’assume pas devant sa bande : en guise de punition ses parents lui ont confisqué absolument tous ses écrans. Prudence, qui ne possède aucun écran et qui se vit différente des autres, devient son assistante et sa confidente. Elle doit tout faire pour l’aider à convaincre toute la bande d'abandonner l’utilisation des écrans. Plus facile à dire qu’à faire! Mais avec une bonne dose d’ingéniosité, un rapport au temps et à l’autre qui change, on arrive à faire beaucoup de chose.
On retrouve dans Les téléphonistes anonymes ce qui fait le sel de l’écriture d’Agnès Desarthe : une bonne dose d’humour, d’ironie et de questionnements qui, l’air de rien, nous poussent à réfléchir. Prudence, fine observatrice, s’interroge beaucoup sur les relations et voit bien que l’écran coupe aussi la communication entre les personnes. Elle entretient un rapport très libre avec ses parents qui lui font confiance, avec les autres aussi car elle écoute et regarde vraiment les choses. Agnès Desarthe décrit également des scènes de cours, on rêve tous et toutes d’avoir un professeur comme Monsieur Landry. Quand ce professeur est accusé de parler politique à ses élèves, on sent que cet incident peut déraper. La rumeur peut être mortelle, nous ne le savons que trop bien. Alors laissons à Monsieur Landry le soin de clore cette chronique : “Ne croyez pas les gens qui dénigrent la cinquième. Toutes les classes sont importantes. Tous les âges sont importants.”
Zoom sur "Le château des rentiers"
Ce récit d’Agnès Desarthe est inclassable.
Tout à la fois essai, biographie, mémoires aussi d’un certain côté, Le château des rentiers entremêle la grande Histoire, le récit intime d’une vie et pose un regard sur la vieillesse qui vient et la vie en train de passer. Loin de toute nostalgie et avec un vrai sens de l’humour, une forme de malice même, Agnès Desarthe nous raconte Boris et Tsila, ses grands-parents maternels, et leur monde perdu. Et dans ce monde perdu, la vieillesse veut surtout dire que l’on a survécu à la Shoah. Ces échoué.e.s de l’histoire se sont groupé.e.s dans un immeuble et la jeune Agnès entendra dans son enfance des accents venus de régions cachées aux confins de l’Europe. Elle découvrira aussi une forme de communauté qu’elle mettra du temps à comprendre et qu’elle porte pourtant en elle. Pourquoi ne pas reproduire ce phalanstère et créer un lieu autogéré pour les vieux et vieilles ? Après tout c’est ce qu’elle se destine à devenir, ses ami.e.s aussi. Elle se lance dans son projet et en profite pour interroger des personnes âgées. Elle se parle aussi (et certains de ces dialogues sont très savoureux) et en profite pour convoquer des figures aimées et disparues. Ainsi, tout au long du livre, les mots écrits sur sa mère sont réellement émouvants et lui permettent aussi d’esquisser en creux son rapport à la vie qui s’écoule. Elle raconte l’enfance cachée pendant la seconde guerre mondiale de cette mère trop tôt disparue, histoire qu’elle connaîtra grâce au travail de la fondation Spielberg et qu’elle osera enfin affronter. Elle parle aussi du lien indéfectible entre Simone Veil et Marceline Loridans-Ivens, lien noué entre les barbelés du camp de Bergen-Belsen.
Elle parle de son époux Dante, de leurs enfants et des remarques entendues sur son statut de « vieille » mère. Et c’est parce que Agnès Desarthe nous parle de tout cela que ce livre singulier se lit d’une traite et donne à entendre la voix d’une femme en train de vieillir et l’acceptant pleinement. Pour vivre longtemps, lisons Le château des rentiers !
Les bonus
Lecture dansée Le Château des rentiers - Maison de la poésie – Agnès Desarthe et Louise Hakim
France Culture « L’entretien littéraire de Mathias Enard » - samedi 4 novembre 2023
France Culture « Le book club » - mercredi 6 septembre 2023
France 5 « La Grande Librairie » - mercredi 20 septembre 2023
Rencontres et dédicaces
Photo : © Céline NIESZAWER/Leextra/Éditions Gallimard
Lisez un extrait de "Les téléphonistes anonymes"
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