Syracuse

42 pages précises, sobres, implacables qui font réfléchir. Dans un court récit suivie d’une discussion avec Arthur Teboul, poète et chanteur de Feu !Chatterton, Blandine Rinkel braque ses pensées et ses mots sur un monde gris. Celui des femmes qui subissent des comportements qui ne sont pas criminels en soi mais qui, pourtant, sont des atteintes « grises ». A Londres, en 2011, elle pose pour un photographe au court d’une séance qu’elle ne veut plus progressivement faire. Sans le formuler parce que gênée à l’idée d’y mettre fin, d’être jugée fragile, peur de ne pas exister. Ce texte court et courageux est extrêmement lucide car l’auteurice décortique le système, analyse son propre comportement de manière très juste et honnête également. Et refuse désormais d’être réifiée.

Blandine Rinkel a choisi d’évoquer ce texte avec Arthur Teboul parce que homme mais aussi objet de désir en tant que homme de scène. Cette discussion passionnante leur permet d’échanger là encore avec une franchise salutaire sur « les abus gris », le contrôle, les relations de pouvoir, la vulnérabilité. La discussion se finit sur l’égalité et la nécessaire acceptation que les choses fluctuent. Loin de toute opposition stérile, Les abus gris et cette discussion nous invitent à penser autrement. « Tant qu’on est vivants, on est chancelants », à méditer…