Syracuse

Rim, la brune, Anna, la blonde et Armelle, la narratrice rousse sont amies. Elles sont amies depuis l’enfance pour deux d’entre elles, la troisième est rentrée dans leur vie grâce au travail. Elles sont en effet toutes les trois journalistes pour une revue culturelle. Armelle, Rim et Anna vivent leur installation dans l’âge adulte ensemble, s’épanouissent avec leur homme respectif ensemble. Arrive la maternité pour chacune d’entre elles, ses joies et ses peines, ce long tunnel où les femmes s’oublient beaucoup. Elles éprouvent toutes les trois le besoin de couper, se ressourcer, se réveiller ! Alors elles partent ensemble à Djerba pour se centrer sur elles et partager un moment. Ce voyage sera le début de la fin. Elles vont toutes vivre une relation adultère avec des hommes amants peu reluisants. Il faut dire que ces histoires impossibles ont l’avantage de ne pas détruire leur famille. Et même si la fin inéluctable fait mal, elles se soutiennent quand ces hommes fugaces disparaissent. Par opposition les maris de nos protagonistes semblent héroïques même si moins présents.

Armelle raconte leur histoire et associe présent et passé. Elle dresse le portrait de son amitié avec Rim construite sur le naufrage familial pendant l’enfance. La fascination que son amie exerce sur elle, son soutien pour l’aider à tenter de canaliser ses angoisses et névroses très fortes. Armelle dresse aussi le moment de la rencontre avec Anna aussi et la dissolution de leur duo dans leur trio. Après la fin des aventures extra-conjugales, chacune s’évade dans une voie différente : la musique pour Rim, la psychanalyse pour Anna, le cinéma pour Armelle.

De soumissions en désaccords, d’éloignement en déception, leur amitié se fissure et se disloque. Si elles ont été capables de vivre une expérience commune, leurs projets les éloignent. Après l’amitié fusionnelle à Djerba, elles se retrouveront sur l’île Louët pour se déchirer.

Nolwen Le Blevennec sait capter avec talent l’attention du lecteur et de la lectrice. Elle montre ce qu’est une amitié dans toute sa complexité, sa profondeur et ses complicités aussi. Le regard parfois bienveillant, parfois monstrueux que les ami.e.s portent les un.e.s sur les autres, la place que prennent les élu.e.s dans notre cœur. C’est aussi un portrait en creux de femmes quadragénaires issues d’un certain milieu.