Syracuse

C’est l’histoire d’un deuil. C’est l’histoire de larmes qui ne veulent pas couler et d’une vie qui se dissout dans le chagrin et dans le montage de meubles d’une célèbre firme scandinave. C’est tout cela mais c’est surtout l’histoire de Cyr qui vient de perdre son meilleur ami et qui n’arrive pas à écrire un discours pour « la cérémonie », les obsèques.

Parce que oui finalement il n’y a pas de mode d’emploi dans la vie et qu’il faut affronter les choses. Quelle est la place de Cyr dans ce deuil ? Après tout elle a « juste » perdu son meilleur ami. Remarquez elle a déjà perdu sa sœur et sa mère. Cela fait beaucoup, non ? Comment dire aux autres ce que l’on ne sait pas formuler soi-même ? La compréhension des débuts fait place à de la suspicion sur la souffrance que ressent Cyr. Sa boss la croise dans un parc un jour de maladie, son sort est scellé et elle se fait virer de son travail dans une agence de pub à Amsterdam. Elle avait suivi dans cette ville ce meilleur ami adoré qui, après avoir rencontré Maud, se partageait désormais entre Paris et la cité hollandaise. Anesthésiée par la douleur, Cyr doit partir à ces funérailles. L’occasion pour elle de renouer (ou de se déchirer) avec ses ami.e.s, d’affronter sa solitude et de rédiger un texte.

Alexandra Matine dresse le portrait d’une génération et d’une amitié. Elle fait d’une histoire particulière un moment universel et pose des questions finalement très existentielles sur les relations humaines, sur les non-dits, sur l’amour et sur l’amitié. Sur une toile de fonds sociétale également, les pages sur l’agence de pub et la misogynie ambiante sont édifiantes !, Cyr, la narratrice, ne cache rien de ses travers, ses regrets, ses échecs. La conclusion, lumineuse, promet de meilleurs lendemains. C’est beau, mélancolique, nostalgique, tumultueux comme un adieu à un être cher…