Syracuse

Aurélia Aurita perd sa grand-mère en octobre 2018. Quelques mois plus tard, elle apprend qu’elle a un cancer du sein assez rare. Ces deux événements vont être à l’origine de son autobiographie culinaire Une vie gourmande.

Sa grand-mère, d’origine cambodgienne, est arrivée en France quelques mois après sa naissance et s’est occupée d’elle jusqu’à ses trois ans. Pour Aurélia, sa grand-mère c’est l’éveil à la gourmandise, elle a toujours cuisiné et lui a appris le goût des choses depuis sa naissance. La veille de sa disparition, elle préparait encore un pot au feu. Ce plat, cuisiné sans savoir que la mort allait la surprendre dans son sommeil, symbolise sa présence. Il reste le plaisir de le partager avec la famille, venue veiller la grand-mère.

Au moment du décès de sa parente, Aurélia Aurita doit passer plusieurs semaines dans le restaurant de Pierre Gagnaire à Paris afin de dessiner le personnel pour de futures cartes de vœux. Cette immersion au coeur d’un grand restaurant fait écho à sa découverte des sens et du goût, avec sa grand-mère d’une part puis tout au long de sa vie. Aurélia Aurita se rend compte que le goût de la nourriture a toujours fait partie de sa vie, de sa vie amoureuse, de sa vie de tous les jours...une vie gourmande !

Une vie gourmande que le cancer va malmener. Pour vaincre la maladie, le traitement sera lourd. Aurélia Aurita notera désormais tout ce qu’elle mange et toutes les modifications de son goût au cours du traitement. Pendant cette traversée, elle sera épaulée par des femmes, Jeanne Cherhal notamment, rencontrée par hasard et devenue une amie incontournable.

Après sa guérison, c’est avec Jeanne qu’elle fêtera son retour à la vie gourmande en partageant un repas dans un des plus grands restaurants de France, « La grenouillère », dirigé par le chef Alexandre Gauthier. Le défilé de plats et de saveurs symbolise le retour à la vie, aux sens et au plaisir retrouvé.

Cette autobiographie en BD, touchante et drôle, est magnifiée par les illustrations tout en rondeurs et en précisions d’Aurélia Aurita. Le lecteur goûte les saveurs et prend du plaisir à la simple évocation dessinée des mets et des émotions ressenties. Pierre Gagnaire le dit lui-même : en cuisinant, il souhaite donner du plaisir et la nostalgie de ce plaisir...Aurélia, elle, nous l’offre en dessinant.